- LA LANGUEUR
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Ô Sainte Cité du haut de ta pierre majestueuse,
J'entends ton clocher murmurer tout bas sa fierté,
En contemplant, anesthésié, flâneurs et flâneuses,
Qui longent la lisière de tes rues de désertion frappées !
Le temps s'est sauvé dans le dédale de tes ruelles ensablées,
Les cieux alanguis ont retrouvé leur jouvence perdue,
Et ces rires traversent les pavés tels un millier de pieds,
Dans l’œil des amants sont logés le reflet des nues.
Le fleuve cristallin et opalescent accueille notre fugitif retrait,
Nous nous égarons, donnant notre peau au soleil chargé de rais,
Mon regard idolâtre éclate et éclate devant ton sourire de lumière !
Ton visage a la teinte du soleil et la noblesse des bergères.
Ta prunelle plongée dans la mienne fait écho à la clarté solaire,
Comme le rougeoiement du feu sur les murs d'un monastère,
Son âtre incandescent m'embrase, mû par cet Amour véhément,
Et m'envahit d'un flot vibratoire, d'un indicible sentiment !
Altière et auguste statue d'airain, tu fais courber cette ville !
Ta force de cœur bouscule jusqu'aux frémissantes ramilles !
Ta désinvolture fait danser les muguets qui étoilent les clairières,
Du charme tu es la fille et de mon alacrité tu es la mère.
Quand se volatilise la clarté du jour, c'est toi qui lui succède,
Du haut de ta forteresse éburnée, tu revêt l'orgueil d'un aède,
Chaque jour, tu t'éveilles dans un silence cotonneux et rêveur,
Ô jeune fille ! Tu me louanges, tu fais jaillir tes chaudes fleurs !
Mutique, je me laisse cueillir par cette floraison de gracieusetés,
Ma dureté fléchit, se confiant aux mains de ta bienveillance,
Plongeant dans le bain de tes attraits et de ta tendre vénusté,
Mes affres ne sont plus que, dans le temps, volatile évanescence.
- - Mattelha -
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